KB Technics: ‘ ‘Nous fabriquons nous-mêmes les pièces qui ne sont plus disponibles’’
- Delphine Van Nieuwenhuyse
- 29 aug
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Implantée à Pittem, près de Tielt, KB Technics a officiellement démarré en 2018, ce qui en fait une entreprise relativement jeune même si elle ne manque ni d’expérience ni de savoir-faire. Karel Bril, l’un des trois associés, a des années d’expérience dans la mise au point et la préparation de voitures de rallye ainsi que dans l’assistance technique. Aujourd’hui, l’accent porte surtout sur les “oldtimers”, même si le terme “véhicules historiques” est sans doute plus approprié dans ce contexte. La contribution du deuxième associé - et éminent spécialiste de Maserati - Jasper De Smet n’y est certainement pas étrangère.

Le rallye automobile est un sport particulièrement populaire en Flandre occidentale. C’est notamment le cas du rallye TAC (Tielt), dont la 50e édition a eu lieu cette année, ou encore des 24 Heures d’Ypres. C’est dans ce “biotope automobile” que Karel Bril s’est imposé en tant que spécialiste de la mise au point et de la préparation des véhicules de rallye, mais aussi de l’assistance technique pendant les événements.
“Dans les années 2010, nous consacrions jusqu’à 80 % de nos efforts en atelier aux voitures de rallye et 20 % aux voitures de collection. Au fil du temps, la part de ces dernières a considérablement augmenté. En 2018, nous avons donc décidé de nous concentrer principalement sur les voitures classiques et nous avons emménagé dans nos nouveaux locaux de Pittem. Notez pourtant que nous préparons toujours des voitures de rallye lorsqu’on nous le demande, même si nous n’assurons plus l’assistance pendant les rallyes. En revanche, nous proposons une assistance technique aux clients qui participent à des compétitions historiques, notamment dans le cadre de l’HGPA (Historic Grand Prix Association). On compte une douzaine de courses de ce type sur circuit chaque année, à différents endroits en Europe : notamment à Spa, à Hockenheim, à Zandvoort, à Dijon, à Silverstone…”
La synchronisation du moteur et la carburation sont deux des défis que pose une Maserati classique.

Maserati et les courses historiques
L’Historic Grand Prix Association a été créé en 1979 dans un seul but : garder vivant le spectacle des voitures de course historiques. Les courses organisées sont réservées aux voitures de course - monoplaces - datant soit d’avant 1961, soit d’avant 1966. Une distinction est souvent faite également entre les courses destinées aux voitures dont le moteur est placé à l’avant (avant 1961) et celles dont le moteur est monté au centre (avant 1966). Il existe également des courses pour lesquelles toutes les catégories sont autorisées. Dans les années 1950 et au début des années 1960, les courses de monoplaces n’étaient absolument pas comparables aux actuelles épreuves de F1, qui sont fortement commercialisées. Les voitures de l’époque arboraient encore les couleurs nationales - jaune pour la Belgique, bleu pour la France, vert pour la Grande-Bretagne ou rouge pour l’Italie… Dans les années ‘50, ce sont surtout les marques italiennes telles que Alfa-Romeo, Ferrari et Maserati qui donnaient le ton. Cela a changé avec l’arrivée des voitures de course à moteur central comme les Cooper et les Lotus.
Karel Bril précise que plusieurs de ses clients participent à ces courses historiques : “Fournir une assistance technique lors de ces courses, c’est très différent de tout ce que nous avons connu dans le monde des rallyes.”
Le système hydraulique des voitures Maserati de la « période Citroën », comme la Bora à l’arrière-plan, est assez complexe.
Les participants des courses historiques sont de véritables “gentlemen drivers” qui font preuve d’un grand respect mutuel ainsi que d’une réelle solidarité. L’atmosphère est beaucoup plus détendue. Pendant la course, on met le paquet évidemment, mais sans prendre de risques inutiles. On se respecte et on respecte la technique. Cela ne veut pas dire que les pilotes de rallye ne se respectent pas entre eux et qu’ils ne respectent pas la technique, loin de là. C’est juste que les pilotes de rallye sont davantage pressés par le temps pour obtenir un bon résultat final.
Dans le cadre de ces courses historiques, l’apport de Jasper De Smet est très important. C’est un véritable spécialiste des Maserati - et pas seulement des voitures qui arrivent sur le circuit : “Plusieurs de nos clients ont prêté leur Maserati pour l’Inter Classics 2024 à Bruxelles, qui avait comme thème le 110ème anniversaire de Maserati. La Maserati A6GCS de 1953 d’un de nos clients y a même été élue “Best of Show”, autrement dit la plus belle voiture.”
Nous demandons à Jasper De Smet comment il s’est procuré les informations techniques et quels sont les points faibles d’une Maserati classique. “Il y a quelque temps, j’ai eu l’occasion d’acheter tous les manuels techniques de Maserati. Nous avons également de très bons contacts avec le constructeur lui-même ainsi qu’avec de nombreux sous-traitants. Nombreuses sont les Maserati à être équipées d’une boîte de vitesses ZF ; ZF a même redémarré un département chargé de l’assistance des Classic Cars. L’un des défis que pose une Maserati classique concerne le réglage du calage du moteur et de la carburation. De plus, certaines pièces ne sont plus disponibles. Mais pas de problème : dans ce cas, nous les fabriquons nous-mêmes dans notre atelier. Récemment, nous avons ainsi réceptionné dans l’atelier une voiture dont le carter moteur en alliage léger était endommagé. Cette pièce n’est plus disponible... mais nous avons réussi à fabriquer le carter en le soudant et en le polissant avec soin. Mais il reste d’autres défis à relever. Entre 1968 et 1974, Maserati appartenait à Citroën. Pendant cette période, Maserati a fourni le moteur de la SM. Citroën, à son tour, a joué un rôle important dans l’hydraulique des Maserati de cette période, ce qui est assez complexe.”
KB Technics aide également les clients à faire certifier leur Maserati classique par le constructeur. Pour ce faire, plusieurs critères doivent être remplis.

Toutes marques
KB Technics s’est forgé en peu de temps une solide réputation dans le domaine des Maserati classiques, mais Karel Bril tient à préciser que KB Technics travaille sur toutes les marques : “Les principaux projets que nous avons réalisés récemment sont, par exemple, la reconstruction d’une Jaguar Type E et d’une Jensen 541R des années ‘50. Notez que les deux véhicules sont arrivés ici en pièces détachées ! Or, si l’on n’a pas soi-même démonté la voiture, la reconstruction représente un véritable défi. Nous effectuons des restaurations complètes, mais aussi les réparations et l’entretien. Nous travaillons également sur des voitures moins exclusives, comme une MGB ou toute autre classic car chère au cœur de son propriétaire. Pour poursuivre notre travail, nous sommes actuellement à la recherche d’un technicien enthousiaste ! Nous ne nous lançons jamais dans un projet de restauration de notre propre initiative, mais intervenons toujours à la demande du client. Quelle que soit la voiture ou le client, nous travaillons toujours avec le même état d’esprit. La qualité prévaut, même si nous nous efforçons de tout achever dans un délai raisonnable. Le monde du rallye m’a appris qu’on ne peut pas faire les choses à moitié. Un pilote de rallye doit pouvoir compter sur la fiabilité de sa voiture. Pour un passionné de voitures classiques, il en va de même. Lorsque les clients partent en excursion avec leur voiture de collection, ils ne veulent surtout pas tomber en panne en cours de route. Nous voulons décharger le client de tout souci, tout en faisant preuve de transparence. Nous communiquons clairement ce qu’il convient de faire sur la voiture, quels seront les coûts et quel est l’état d’avancement des travaux. Si nécessaire, nous complétons le tout avec des photos. Cela demande un peu de patience. Ce n’est pas comme dans une série télévisée où une restauration se fait en une heure à peine. Chez nous, c’est la réalité, pas du cinéma…”
KB Technics travaille exclusivement pour le compte de clients et ne propose pas de voitures à la vente. Karel Bril précise : « À la demande du client, nous pouvons toutefois fournir des conseils s’il envisage d’acheter une classic car. » L’atelier de KB Technics est divisé en plusieurs sections, la plus grande partie étant occupée par une zone séparée où l’on procède au démontage et au montage des voitures. Une autre partie accueille des machines pour le tournage, le fraisage, le perçage et le nivellement. La pulvérisation de peinture est par contre sous-traitée. Un autre département est principalement consacré au soudage et au meulage. Ensuite, il y a un autre département où les moteurs sont assemblés et le dernier département traite les boîtes de vitesses.
À noter que tous les locaux sont d’une propreté irréprochable.







