Entièrement robotisé ou semi-automatique?
- Delphine Van Nieuwenhuyse
- 5 oct.
- 4 min de lecture
Le changement de pneus fait sa révolution dans les ateliers.

Le parc de véhicule en Belgique vieillit. Ce qui signifie que les professionnels doivent s’adapter à une demande accrue en matière de maintenance qui inclut aussi les pneus. Zoom sur les nouvelles générations de machines de démontage de pneus, à la fois plus rapides, plus sûres, et parfois… totalement autonomes!
Le marché automobile belge du neuf connaît une très grosse baisse de régime depuis plusieurs mois déjà. De ce fait, les ventes de voitures neuves restent en dessous de leur niveau prépandémique et les voitures en circulation, elles, vieillissent. Cet été, l’âge moyen du parc automobile belge a même dépassé les 10 ans pour la première fois. Cette tendance laisse entrevoir un besoin croissant en entretien, et évidemment en remplacement de pneumatiques. Face à cette charge accrue, les garages et concessions cherchent à optimiser leurs processus. Parmi les solutions explorées : les machines de changement de pneus de nouvelle génération qui sont capables d’automatiser une tâche aussi répétitive qu’exigeante physiquement.
La révolution RoboTire.
Aux États-Unis, une start-up fait beaucoup parler d’elle avec un système aussi futuriste qu’opérationnel : RoboTire. Cette station robotisée prend en charge le remplacement complet d’un train de pneus en moins de 25 minutes avec une précision chirurgicale. Elle fonctionne grâce à une combinaison de bras robotisés, de caméras haute définition et... d’intelligence artificielle! Le dispositif tient en outre dans un espace compact et il est conçu pour s’intégrer directement dans un atelier ou une concession existante. Adoptée par certaines enseignes de fast-fit aux USA, cette technologie réalise les opérations de dépose et repose des roues. Les étapes de montage et démontage sur jantes restent pour l’instant supervisées ou réalisées par un opérateur, mais ce modèle hybride réduit déjà la pénibilité et les erreurs humaines, tout en garantissant une cadence véritablement optimale. Concrètement, RoboTire commence par scanner chaque roue grâce à l’aide de ses caméras intelligentes. L’IA détermine le type de jante, leur positionnement, l’usure des éléments et elle ajuste son intervention. Les bras robotisés s’occupent de retirer les roues, de les transporter vers une station de montage et de repositionner les nouvelles roues. Ce qui est assez bluffant, c’est que ce système s’améliore à chaque utilisation grâce au machine learning (IA).
Quelles limites à RoboTire?
Mais au-delà de l’aspect technologique, RoboTire relance le débat sur l’avenir du travail en atelier. L’automatisation permet ici de réduire les efforts physiques, les risques de blessure et d’augmenter les cadences. Mais elle interroge aussi sur la formation des techniciens et le coût d’acquisition auxquels il faudra ajouter les frais de maintenance – entre 215.000 et 280.000 euros, selon les options. Cela dit, le coût de ce montage automatisé est estimé entre 9 et 13 euros par pneumatique pour le professionnel. Certains observateurs estiment que cette machine est avant tout un outil marketing pour les enseignes qui souhaitent se positionner comme innovantes. Et d’autres y voient une évolution logique dans un secteur où le temps est de l’argent. Quoi qu’il en soit, RoboTire n’est pas encore vendu hors des USA. Et à l’heure actuelle, aucun concurrent ne propose un niveau d’automatisation comparable. Plusieurs prototypes ou démonstrateurs technologiques existent, mais RoboTire reste le seul système automatisé de ce type.

Des machines semi-automatiques pour tous les ateliers.
Si les systèmes totalement robotisés représentent le sommet de l’innovation, la réalité quotidienne de la plupart des ateliers se joue avec des équipements semi-automatiques plus abordables et à la portée de tous. Les marques comme Corghi, Hunter ou Bosch proposent des machines à assistance motorisée, commandées par pédale ou bouton et dotées de bras auxiliaires facilitant les opérations de démontage et de montage des pneumatiques. Ces dispositifs sont aujourd’hui la norme dans de nombreux garages. Ils permettent à un opérateur de travailler seul en s’épargnant des tâches les plus physiques tout en gardant le contrôle du processus. Certaines versions sont dites « sans levier » : la tête de montage est conçue pour éviter tout contact agressif avec la jante, réduisant ainsi le risque de rayures ou de déformations. L’encombrement de ces machines est très réduit. Même dans les ateliers plus anciens ou disposant de peu d’espace, elles trouvent facilement leur place. Certaines sont même mobiles, car montées sur roulettes. Cette flexibilité de même que leur coût beaucoup plus accessible explique en grande partie leur succès.
Bien s’équiper pour mieux durer.
Choisir un démonte-pneu n’est pas anodin. Tout d’abord, il faut évaluer la capacité de traitement nécessaire : un atelier traitant uniquement des voitures particulières n’aura pas les mêmes besoins qu’un spécialiste du poids lourd. Les critères de choix doivent inclure le type de raccordement électrique disponible, la gamme de diamètres pris en charge, la vitesse de rotation ou encore les options de gonflage intégré. Du côté de l’ergonomie, les modèles récents misent sur la compacité, la sécurité (blindage des parties mobiles, capteurs de position) et la durabilité des composants. De nombreuses machines sont conçues pour résister à plus de 100.000 cycles. Les prix sont fonction des performances et des prestations des machines : de 1.000 à 7.000 euros pour les semi-automatiques, mais jusqu’à 20.000 euros pour les modèles les plus avancés.
Plus que jamais pour les professionnels, il est essentiel de penser service : un atelier qui propose un changement de pneus rapide, efficace, sans abîmer les jantes ni mobiliser plusieurs techniciens, gagne incontestablement en compétitivité et en satisfaction client. Offrir à ses clients la possibilité de faire changer leurs pneus, réaliser l’équilibrage ou une géométrie, le tout dans un seul et même lieu, c’est répondre à une attente de confort et de gain de temps. Autrement dit, c’est se préparer aux nouvelles attentes d’un parc qui vieillit, mais dont les conducteurs, eux, exigent toujours des services modernes.











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